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L'adhésion du Burundi à l'OHADA : Perspectives stratégiques et convergences juridiques

  • 15/11/2025
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Le Burundi ambitionne devenir « un pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 ». Pour y parvenir, des efforts d'assainissement de l'environnement des affaires à travers des réformes juridiques profondes sont à envisager. Le thème de la conférence de ce 13 novembre 2025 : « Burundi et OHADA : convergence juridique au service de la vision 2040-2060 » a eu le mérite de discuter de l'apport de l'OHADA dans la réalisation de la vision du pays en mettant l'accent sur l'analyse de la compatibilité entre le droit national burundais des affaires et le droit OHADA.

Au cours de cette conférence, Pr Anaclet Nzohabonayo a présenté le livre dont il a codirigé avec Docteur Stéphane Mortier. Les différents contributeurs ont démontré que certains défis qui minent le droit des affaires burundais pourraient trouver une solution durable avec l'adhésion du Burundi à l'OHADA. Pour l'orateur, cette adhésion constitue une piste stratégique. Une adhésion à cette organisation d'intégration juridique permettrait notamment de dissiper les inquiétudes sur les faiblesses du droit matériel applicable aux affaires, car les actes de l'OHADA sont exposés aux critiques et déjà, avec leur notoriété trentenaire, le débat sur son efficacité soulève moins de doute. Les auteurs soulignent que le droit OHADA a déjà démontré ses capacités fédératrices de composer avec plusieurs cultures linguistiques. Il s'applique concurremment dans les pays francophones, lusophones et hispaniques. C'est aussi un droit qui cohabite harmonieusement avec l'intégration économique régionale, car bon nombre de pays membre de l'OHADA appartiennent à plusieurs de ces organisations. La philosophie originelle était et demeure que l'OHADA est « un outil juridique imaginé et réalisé par l'Afrique pour servir l'intégration économique et la croissance ». Ainsi, la convergence juridique avec les autres systèmes de droit serait un ferment pour accroitre la rentabilité de l'intégration économique régionale au Burundi vu que les investisseurs et les opérateurs économiques opéreraient désormais dans un espace juridiquement unifié.

Le conférencier a souligné que cette orientation est en arrimage avec la vision 2040-2060. C'est dans ce contexte que la réflexion sur l'adhésion du Burundi à l'OHADA devrait être accélérée pour répondre aux impératifs de sécurité juridique sans laquelle l'attractivité économique serait compromise. Certes, le Burundi dispose déjà d'un cadre juridique en constat renouvellement, mais encore marqué par la complexité et la lenteur des procédures, ainsi qu'un manque d'harmonisation avec les standards régionaux ; ce qui crée la nécessité des réformes profondes du climat des affaires. Malgré les progrès notables, la sécurité juridique des opérateurs économiques reste ainsi fragile. En rejoignant l'OHADA, le Burundi s'offrirait une opportunité stratégique pour se doter d'un cadre juridique uniforme, moderne, accessible et sécurisé, propice aux investissements, à l'intégration régionale et à la compétitivité des entreprises. Un tel environnement juridique permettrait de renforcer la transparence, de simplifier les procédures, de réduire les coûts de transaction, et d'harmoniser le droit national avec les standards internationaux.

En embrassant ce système, le Burundi pourrait efficacement lutter contre l'inflation normative qui atteint aujourd'hui des proportions déroutantes. Plus de 80 textes législatifs et règlementaires régissent aujourd'hui le domaine du droit burundais des affaires.

Pour les auteurs du livre et même pour le conférencier, l'adhésion à l'OHADA ouvrirait aux opérateurs burundais l'accès à un marché plus vaste et pourrait enfin générer des flux d'investissement indispensable pour la réalisation de la vision 2040-2060.

Le livre montre que le droit OHADA apparaît comme un instrument de développement durable, capable de relier l'efficacité juridique au dynamisme économique et à la sécurité des investissements. Tous les auteurs convergent sur l'idée que l'adhésion du Burundi au système OHADA ne constituerait aucunement une rupture, mais plutôt une consolidation logiquement attendue de son système juridique. En l'adoptant, le Burundi pourrait transformer son environnement des affaires en un modèle de gouvernance juridique exemplaire et devenir un pôle régional sécurisant et compétitif pour l'attraction des investissements et des opérateurs économiques.

En somme, le livre offre une réponse aux multiples interrogations sur les défis qui jalonneraient le processus d'adhésion du Burundi à l'OHADA. Evidemment, les réflexions sont humaines et comportent par conséquent certaines limites. Mais il est à noter que nourris d'une volonté politique d'aller de l'avant, les décideurs pourraient s'y référer pour vider certaines des questions qui ont naguère constitué des préoccupations dans la poursuite du processus d'adhésion du Burundi à l'OHADA.

Pour plus d'informations, vous pouvez contacter :

Niyokwizera Carine
Doctorante à l'Université du Burundi
Email : carine.niyokwizera@ub.edu.bi

Pr Anaclet Nzohabonayo Anaclet
Email : nzohabonayoanaclet2310@gmail.com

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